Le vaisseau cargo de Duke et d’Ashka sortit de l’atmosphère en évitant, comme à l’aller, le pôle sud de Tirvee où se trouvait le vaisseau des envahisseurs. L’ordinateur de bord sonna et émit un rapport que Duke lut.
– J’hallucine ! » s’écria Duke. « Impossible de partir de suite, il faut cinq jours de trajet avant de pouvoir effectuer le saut hyperspatial vers Utolia.
– Mais, c’est impossible. » Lui répondit elle. « On n’a pas besoin de s’éloigner de Tirvee autant que ça avant de pouvoir effectuer le saut en Hyperespace. Cela correspond au temps d’attente des trajets en partance des planètes de catégories trois tel que Kaba, Salenka ou de Jupiter. Tirvee est de catégorie une comme la Terre. Et Tirvee est beaucoup trop éloignée d’Alpha Auriga A et B en ce moment pour que celles-ci influencent les vols hyperspatiaux. Selon l’ordinateur, où se trouve cette masse ?
– Sa réponse est d’autant plus impossible : Tirvee. Je l’interroge pour avoir plus de précision. Peux-tu faire un scan visuel à 360° pour observer de nos propres yeux ce qu’il se passe s’il te plait ?
– Tu vois bien ce que je vois ? » dit Ashka.
– Oui et donc c’est encore plus impossible à comprendre.
– Pourquoi le vaisseau d’invasion a t’il quintuplé de taille ? Il est immense ! Et surtout comment est ce possible ? Et quelle est le rapport avec l’annulation du saut en hyperespace ? » Les calculs de l’ordinateur permirent d’affiner sa réponse. Il avait, de prime abord, interprété que la nouvelle masse provenait de la planète Tirvee mais en fait elle provenait de ce vaisseau. Le silence se fit pendant une minute. Leurs cerveaux étaient trop occupés à tenter de comprendre ce phénomène qui perturbait les acquis de la science moderne.
– On vole en plein délire là ! » Dit Ashka
– On a un autre problème. On est suivi. »
Duke pointa du doigt le triangle rouge qui clignotait sur l’écran de bord holographique.
– Il sera sur nous dans huit minutes. » Ajouta t-il.
Ashka demanda à l’ordinateur de bord d’effectuer un scan complet du poursuivant et une cartographie détaillée de l’espace alentour. Lorsque l’on est amené à batailler dans l’espace, il est vital que l’ordinateur de bord et les pilotes connaissent l’intégralité des positions des corps célestes pour de quelconques manœuvres.
– On est maintenant sûr que ce type de vaisseau n’est pas répertorié dans nos bases de données. Il n’appartient pas au standard galactique. »
– Peut être qu’un ultra milliardaire passionné de vaisseaux de courses d’Axium s’est fait fabriquer un modèle sur mesure ? » Dit il pour d’étendre l’atmosphère.
– Chic, un bel et riche inconnu qui m’emmènera visiter un système solaire à l’autre bout de la galaxie. Je vais me mettre en petite tenue et m’éjecter dans un des pods de secours du cargo pour le rejoindre.
– Comme elle est drôle. Je te propose de rester avec moi et de lancer le zoom vidéo pour voir à quoi ressemble réellement ce vaisseau. Ils virent alors qu’il était blanc et dix fois plus grand que leur cargo. Il ressemblait à une étoile dont les quatre pointes étaient rabattues vers l’arrière. Au centre se trouvait une sphère bleutée qui semblait maintenir la cohésion des quatre branches du vaisseau.
– Esthétique mais flippant comme design. » dit Ashka.
– Et il ressemble aux quadrupèdes des envahisseurs que j’ai vus sur le sol de Tirvee.
– Je suis d’accord avec toi. Quel est ton plan ?
– Etant donné que nous avons à bord le matériel de notre première mission et que nous avons pour nouvelle mission de ramener les embryons à Utolia, je ne vais pas tenter de manœuvre pour le combattre. On va le semer quelque part. La cartographie locale nous offre quelles options ?
– Soit un champ d’astéroïdes de densité moyenne, idéal pour des manœuvres très dangereuses. Tu pourras raconter tes talents de pilote hors pair en rentrant à Utolia. Soit une nébuleuse d’hypérium rayonnants et de gaz ionisés d’environs 200 millions de kilomètres, opacité moyenne, classée comme hautement dangereuse. L’ordinateur indique cependant que notre bouclier devrait tenir le temps de la traversée.
– L’utilisation du conditionnel par notre ordinateur nous donne un pourcentage de réussite de traversée de combien de pourcents Ashka ?
– Soixante pourcents. » Répondit elle.
– Je choisis de vanter les exploits de ce cargo de la Fédération en arrivant à bon port plutôt que mes talents de pilote. Je ne connais pas le potentiel de nos poursuivants mais vu ce que son vaisseau mère à maintenant la masse d’une planète, je vais jouer la carte de la sécurité. » Ashka tourna alors sa tête vers sa gauche pour le fixer et lui dire :
– Donc, pour atteindre la nébuleuse, tu vas encore enfreindre le règlement de l’armée fédérale en effectuant un saut qui outrepasse la sécurité de l’ordinateur de bord ?
– C’est exact il m’a donné les coordonnées du point de sortie du saut et je le by pass en appliquant la procédure de saut manuel.
– Tu penses que les circonstances t’éviteront la … »
Il la regarda avec un petit sourire en coin des lèvres. Il avait effectué le saut durant les trois secondes de sa réponse et de la dernière question d’Ashka. Il n’y avait pas eu de grand flash. Il n’y avait pas eut de sensation perceptible comme pour chaque saut hyper spatiale. Lors de la première seconde, celle amenant à l’entrée du tunnel entre les deux points de l’espace, les lumières des étoiles étaient devenues bleues puis ultra violet. La deuxième seconde, lors du passage au sein du tunnel, la lumière des étoiles était devenues invisibles et les radiations de l’espace d’habitude invisible s’étaient transformées en une brume bleue. La fin de la troisième seconde leur fit voir l’autre bout du tunnel. Celui de leur tempétueuse destination.
« … court martial ? »
Ashka tourna de nouveau sa tête vers la droite pour faire face à la baie vitrée du cockpit. Des éclairs frappaient le champ de protection du vaisseau qui se trouvait maintenant dans la tempétueuse nébuleuse. Ashka cria :
– Mais t’es complètement malade mec ! Tu m’as encore refait le coup du saut surprise. Déjà, tu sais que j’adore profiter de ces trois secondes, mais surtout tu nous fais sortir en plein milieu de cette tempête !
– Ouai mais ça va sauver nos miches. Attendons quelques minutes histoire de voir si notre poursuivant tente le coup. » Dix minutes passèrent, ils étaient seuls.
Dans la tête d’Ashka, la tempête faisait rage. Elle repensait à sa dernière mission sur Tirvee. En tant que mercenaire d’élite de la FIML, resté en observation alors que d’autres combattaient pour protéger les leurs lui était insoutenable. Elle avait eu des ordres et elle avait su s’y tenir. Mais maintenant son crâne était entrain de bouillir. Ses mains agrippaient le fauteuil du cockpit. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle avait les yeux fermés, qu’elle était inconsciente. « Ashka. Ashka. Ashka ! » Elle sentit la main de Duke sur la sienne. Elle reprit alors ses esprits malgré la douleur qui lui foudroyait le crâne. Elle ouvrit les yeux, tourna sa tête et vit Duke qui vivait le même supplice qu’elle et qui gardait le cap pour sortir de la nébuleuse.
– Réveilles toi. » Dit-il. « Il faut que tu prennes le relais, je suis à bout. Le champ de protection va tenir le coup. Il reste encore vingt minutes de trajet pour sortir de cet enfer. »
Duke s’évanouit alors à son tour.