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Année fédérale standard 302 (Année Terrienne 2436)

Située dans le système à étoile double de Capella, Tirvee est la plus petite et la plus reculée des planètes habitées par les cinq civilisations de la Fédération Interstellaire des Mondes Libres (La  FIML) : Fendor, Meyvir, Valhatar, la Terre et Tirvee. Depuis l’espace, il est impossible d’apercevoir la surface de cette planète hors normes. De denses et d’immenses nuages jaunâtres composés d’acide sulfurique de diazote et de dioxyde de carbone la recouvrent. Le paysage de Tirvee oscille entre des steppes de roches rouges et d’étranges forêts mauves, pourpre et jaune. Une trentaine d’immenses lacs jaunes brisent cette alternance. D’une centaine de kilomètres de diamètre en moyenne et d’une profondeur minimum de trois mille mètres, ils sont majoritairement composés d’acide liquide. Hormis une faune et une flore qui y prolifèrent depuis toujours, rien ne peut y rentrer sans être immédiatement dissout. C’est ici que vivent les seules êtres conscients de la galaxie dont le liquide vitale coulant dans leur veine est acide. Les Tirviens.

Deux grandes saisons rythment le cycle de vie de la surface de Tirvee. Le printemps de la renaissance et de la vie. L’hiver de la décomposition et de la mort. Au printemps, les parties hors sol des bulbes des fleurs se reforment. Les troncs puis les branches des arbres sortent à une vitesse prodigieuse. Les animaux rampants et volants naissent des oeufs enfouis dans le sol par la génération précédente. Les Tirviens sortent de leurs lacs pour profiter eux aussi d’une atmosphère dont le pourcentage de particules d’acide est suffisant pour vivre, protégés par une fine carapace. A contrario, l’hiver, la quantité de co2 devient majoritaire dans l’atmosphère obligeant les Tirviens à rester à l’abris dans leurs lacs, pendant que la faune et la flore se meurent.

Il y a des milliers d’années, la forte curiosité des Tirviens les poussèrent à développer une bio technologie afin de sortir de leur lac : une carapace étanche dotée de deux jambes et de quatre bras. Ce moyen de locomotion révolutionnaire fût inventé par les scientifiques du Clan du lac de Vreel. Leurs premiers explorateurs partirent alors à la découverte de la surface de leur planète. Après des semaines de marche, ils virent un autre lac et comprirent avec stupeur qu’ils n’étaient pas seuls sur Tirvee. Ils partagèrent les méthodes de conception de la bio technologie des carapaces avec le Clan de ce lac. Cette technologie se répandit au fil des cycles ce qui permit à tous les Tirviens de sortir et de se rencontrer. A chaque printemps, le nomadisme, les trajets commerçants et les fêtes en dehors des lacs virent alors le jour. Les Tirviens forcèrent leur propre évolution, apprirent à marcher sur deux jambes à tenir des objets avec des mains. Enfants, les Terriens devaient apprendre à nager dans l’eau. Enfants, les Tirviens devaient apprendre à marcher sur le sol.

Les compagnies industrielles de la FIML décelèrent à la surface de Tirvee de profonds gisements de minerai d’hypérium au début de l’année fédérale standard 302 (Année Terrienne 2436). Raffiné, ce minerai qui était le plus précieux de la galaxie, permettait aux moteurs des vaisseaux de traverser l’hyperespace. Une expédition composée de cinq géophysiciens et d’un commandant militaire, partirent à la découverte de ce monde inhospitalier. Ils atterrirent dans une région équatoriale, à proximité d’un des gisements d’hyperium. La plaine était plate, rocailleuse et d’un rouge carmin typique de Tirvee. Rien ne bougeait à perte de vue, ce qui corroborait avec les rapports des sondes envoyées quelques semaines avant eux. Ils installèrent les premiers outils d’analyses sur le site d’hyperium qui se trouvait à quelques kilomètres d’un lac d’acide. De retour dans leur vaisseau, ils admirèrent le double coucher des astres d’Alpha Aurigae A et B.

Le réveil matin du vaisseau sonna. Ils se levèrent pour affronter une nouvelle journée de travail en milieu hostile. Arrivés en même temps dans l’espace cantine du vaisseau, ils eurent tous les six la même expression de stupéfaction en regardant au travers du hublot. La plaine rouge n’était plus visible, une surface mauve et striée verticalement remplissait la totalité du hublot. Le pilote et le copilote montèrent au cockpit. Ils ne virent au travers du pare-pris qui pointait vers le ciel que des nuages denses. Leurs couleurs avaient cependant viré du gris au jaune. D’autres se précipitèrent vers le sas et enfilèrent leurs combinaisons aussi vite que possible. Un spectacle époustouflant apparu lorsqu’ils ouvrirent la porte du vaisseau. D’épais troncs d’une dizaine de mètres de hauteur avaient poussés. Une éparse forêt de troncs était sortie durant la nuit. Leur vaisseau était indemne, ils comprirent la chance qu’ils avaient eu.Face à cet évènement inattendu démontrant que la vie était présente, l’équipage se mit à suivre les trois règles du Guide du Xenobiologiste Intergalactique pour définir leur journée de travail à venir : 

– Restez toujours groupés. Ne vous séparez jamais. Même si l’un d’entre vous voit une jolie plante.
– Définissez une chemin sécurisé entre votre vaisseau et votre zone de recherche. 
– Ne sortez jamais de ce chemin. Même si l’un d’entre vous voit une jolie plante.
– Si l’un de vous voit une jolie plante, ne sortez pas du chemin. Restez toujours groupés.
Ils suivirent ces trois règles à la lettre durant toute la journée. Ils sécurisèrent le trajet entre leur vaisseau et le site d’analyse du gisement d’hypérium en créant un chemin à coup de lance-flammes et de tronçonneuses à lames vibrantes. Ce qui leur prit toute la journée. De retour dans leur vaisseau, ils admirèrent pour la seconde fois le double coucher des astres d’Alpha Aurigae A et B.

Le réveil matin du vaisseau sonna pour la deuxième fois. Ils se levèrent pour affronter une deuxième journée de travail en milieu, bien plus hostile. Arrivés en même temps dans l’espace cantine du vaisseau, ils eurent tous les six la même expression de satisfaction en regardant le hublot. La plaine rouge n’était toujours pas visible, mais la surface mauve et striée verticalement remplissait toujours la même totalité du hublot que la veille. Ils enfilèrent leurs combinaisons de survie, sortirent du vaisseau et marchèrent en direction de la zone de recherche sans sortir du chemin tout en suivant les trois règles du Guide du Xénobiologiste Intergalactique à la lettre. Ils marchèrent pendant vingts minutes, et virent sur le chemin une dizaine de créatures noires assises sur des rochers. Elles mesuraient bien plus de deux mètres. Elles ne bougeaient pas.

– Chef, on est resté en groupe. » Dit l’un des géophysiciens paniqué.
– Oui. » Répondit calmement le commandant.
Les créatures se levèrent. Debout, elles mesuraient dans les quatre mètres.
– Chef, on a défini un chemin sécurisé. » Dit le même géophysicien.
– Oui. » Répondit calmement le commandant.
Les créatures sortirent de leur dos une longue tige noire dont la pointe formait un dangereux triangle
– Chef, j’ai pas vu de jolie plante. » Dit toujours le même géophysicien.
– Chef moi non plus ! » Dirent en chœur les quatre autres.

La créature le plus en avant du groupe se mit alors à parler dans une langue inconnue. Les autres créatures ne bougeaient pas. Les géophysiciens encore moins. Le commandant dit alors à ses collègues :
« Baissez votre tête, ne les regarder pas dans yeux et lentement, commencez à marcher en arrière en direction du vaisseau.
Ne courez pas !»
Le vaisseau atteint, ils partirent de cette planète en laissant leur matériel et firent leur rapport de visu à leur supérieur située sur la capitale fédérale Utolia, dans le système d’Eridani, à 47,98 années lumières de Tirvee.

La forêt était en flamme, Braum, le père de Kiyan et Cerion, partit dans sa direction avec une équipe de Raala. Braum ne comprenait pas comment ce feu de forêt avait pu naître. Contrairement aux régions adjacentes des pôles montagneux de Tirvee, il n’y avait pas d’orage au centre de Tirvee. La foudre ne pouvait donc pas avoir déclenché ce feu de forêt. Depuis deux nuits, la grande floraison du printemps venait de commencer. Aucun Tirvien polythéiste ou animiste n’aurait donc pu déclencher sciemment un feu de forêt pour envoyer l’esprit des arbres loin des tourments de la mort hivernale.
Arrivant sur zone, Braum et ses Raala virent qu’un chemin avait été formé par le feu de forêt maintenant éteint. Ils s’assirent sur des rochers avoisinants et n’eurent pas à attendre longtemps avant de voir apparaitre six petits êtres. Braum leur parla mais les petites créatures repartirent sans lui répondre. C’est ainsi que la Fédération Interstellaires des Mondes Libres et les Tirviens rentrèrent pour la première fois en contact.

De retour sur Utolia, les intelligences artificielles de la FIML traduisirent les paroles enregistrées par le commandant : « Salutations. Je m’appelle Braum. On ne détruit pas la nature en la brûlant ! Mais nous vous souhaitons tout de même la bienvenue. Qui êtes vous ? Pourquoi avez vous fait cela ? » 

Les mêmes géophysiciens revinrent quelques semaines plus tard sur Tirvee au même endroit avec des Xenobiologistes, des Xenopolitiques et avec un robot traducteur. Braum et ses Raala avaient établi un campement, ils n’avaient pas bougé depuis la première expédition des six petites créatures. Le robot traducteur émit alors ce message en langue Tirvienne : « Salutations. Nous venons en paix. Nous vous présentons nos excuses, nous avions simplement créé un chemin pour nous protéger jusqu’à notre site de recherche. Nous avons besoin d’extraire un minerai situé sur votre planète. Que pouvons nous vous offrir en échange ? » Dans les semaines suivantes, des accords commerciaux furent ratifiés. Les Tirviens, curieux comme jamais demandèrent, entre autre, que les ingénieurs de la FIML les aident à améliorer leurs carapaces pour rencontrer des habitants d’autres planètes. Très couteuses et très complexes à produire, seuls une centaine de Tirviens profitèrent de « l’Exo Combinaison pour Tirvien » (ECT) et purent devenir ambassadeurs galactiques, tel que Kiyan.

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