La flore de Tirvee était redevenue un tableau aux cents nuances de rouges, de jaunes et de mauves. Il était, lui aussi, redevenu lui même. Son corps et son esprit étaient libérés de la voix qui avait fait de lui un esclave. Une main toucha la sienne. « Nous avons vaincu le Nameless mon frère. » Cerion tourna doucement sa tête et vit celle de son frère, Kiyan. Il ne l’avait pas vu depuis si longtemps. « Ne parle pas, tu es encore sous le choc de la manipulation mentale. Mais tout ira mieux à présent, ne t’inquiète pas. Je t’ai trouvé allongé sur le sol enneigé du pôle sud et t’ai amené jusqu’au lac d’Irnmec. Je te ramène à la maison.» Cerion eut un bref frisson de dégoût lorsque lui revînt en mémoire la voix du Nameless, mais le bonheur de revoir les siens prit le pas sur la souffrance endurée.
Les mondes de la Fédération Interstellaire des Mondes Libres pansaient leurs plaies, les vivants pleuraient leurs morts et chantaient pour apaiser l’âme de ceux qui avaient été possédés par le Nameless. Les hordes de quadrupèdes s’étaient figés, devenant d’inertes statuts de pierre avant de se transformer en poussière. Les coulées vertes et noirâtres répandues sur les mondes convulsèrent avant de s’immobiliser puis d’imploser à leur tour en poussière. Les râles des âmes emprisonnées s’étaient tus. Bien plus que les mondes de la FILM, c’était l’intégralité des énergies et de la matière de l’Univers absorbée par le Nameless qui avait été libérée : de la plus impalpable des âmes, à la plus microscopique des particules. Une lutte de plusieurs milliards d’années venait de s’arrêter. La conscience du Nameless avait été détruite. Son énergie était redevenue la constante inconsciente et naturelle responsable de l’expansion de l’univers.
L’équilibre était revenu.